Terre d'actualités
  • Home
  • Terre d'actus
  • Conférence Parité F/H dans les carrières d’ingénieur.e.s et scientifiques
conférence

Conférence Parité F/H dans les carrières d’ingénieur.e.s et scientifiques

Pourquoi si peu de femmes ingénieur.e.s et dans les carrières scientifiques et comment y remédier ? Tel était l'objet de la conférence sur les enjeux de la parité que j'ai donné à l'ENSEA début septembre 2023.

7 septembre 2023 — Paris, ENSEA

L’orientation, facteur clé du plafond de verre


L’ENSEA est une école d’ingénieurs engagée depuis de nombreuses années sur la question de l’égalité FH et, fait suffisamment rare pour être souligné, sa Directrice générale est une femme, Laurence Hafemeister. Pour autant, la difficulté pour l’ENSEA est la même que pour nombre d’écoles d’ingénieurs : parvenir à la parité des étudiant.e.s relève encore de l’utopie, les femmes représentant moins de 20% des étudiant.e.s.


En ce début d’octobre, deux femmes viennent d’obtenir le prix Nobel : Katalin Kariko en médecine, pionnière des vaccins à ARN messager et Anne l’Huilier, cinquième femme à recevoir le Nobel de Physique. Sur 600 médailles Nobel attribuées dans les disciplines scientifiques, seules 26 ont étés remis à des femmes.

Ainsi, bien qu’elles soient aussi nombreuses que les hommes parmi la population, les femmes sont sous-représentées en sciences et en ingénierie. En France, en 2023, seulement 22 % de mathématiciens et 23% des ingénieurs sont des femmes. Quels sont les mécanismes qui conduisent à cette sous-représentation ?


Dans un excellent article de The Conversation, « Pourquoi si peu de femmes dans les carrières scientifiques ? » Clotilde Policar et Charlotte Jacquemot, respectivement professeure et chercheuse à l’ENS, expliquent comment les filles en viennent très tôt à intégrer qu’elles ne sont pas faites pour les maths, un stéréotype (c’est à dire une croyance sur des compétences et des aptitudes, souvent considérées comme innées) qui continue à infuser en 2023 en dépit des faits. Car que disent les faits ? Que le niveau en maths des filles est équivalent à celui des garçons et que les filles réussissent mieux à l’école, aussi bien en secondaire que dans l’enseignement supérieur – un phénomène qui se constate partout dans le monde (dans le cas où les filles ont accès à l’éducation, bien sûr).


Les croyances sur les aptitudes des femmes continuent donc à agir de manière insidieuse et à les éloigner de formations qui conduisent non seulement à des secteurs clés de l’économie, mais également aux métiers les mieux rémunérés et aux plus hautes fonctions d’encadrement. Plus inquiétant encore, la situation ne va pas en s’améliorant puisque depuis l’introduction de la réforme du lycée en 2019, le nombre de bachelières préparées pour des études de sciences a été réduit de 60 %(article du Monde du 10 sept 2023).


Une exception parmi les filières scientifique sélective : médecine où les femmes sont aujourd’hui majoritaires à réussir. La France compte 51,1 % de médecins femmes en 2023. Le nombre de femmes médecins a dépassé celui des hommes médecins depuis peu. Comment expliquer cela ? Les stéréotypes ne sont, là encore, pas complètement étranger à ce phénomène. En effet les femmes sont sur-représentées dans les métiers du « care » (le soin, la santé) et se retrouvent également plus nombreuses dans les filières des sciences du vivant que sont la biologie, l’écologie et les sciences agronomiques. Ainsi alors que les femmes ne représentent que 29 % des élèves des écoles d’ingénieurs, elles comptent pour 59 % des effectifs dans les écoles spécialisées en agronomie » (article du monde du 18 février 2020). Aux femmes les métiers du soin, de la relation, aux hommes les métiers techniques : ce phénomène est qualifié de ségrégation horizontale entre hommes et femmes.

Dessin humoristique, source https://universitesavoiemissionegalite.wordpress.com/2014/02/24/plafond-de-verre-a-luniversite-quelle-realite/

Une autre ségrégation existe, plus connue, il s’agit du plafond de verre. Il se définit comme «l’ensemble des obstacles visibles et invisibles qui séparent les femmes du sommet des hiérarchies professionnelles et organisationnelles». Quelles sont les causes du plafond de verre ?


Le plafond de verre est tout d’abord directement corrélé aux orientations scolaires, comme nous venons de le voir.[/light] Ainsi selon Thomas Breda, chargée de recherche au CNRS, un chiffre clé expliquerait à lui seul le phénomène du plafond de verre en France : celui de la sous-représentation des femmes en classes prépa scientifiques, à savoir 20% de l’effectif des classes préparatoires Maths / physique / science de l’ingénieur. Or ces classes prépa constituent la voie royale pour accéder aux prestigieuses écoles que sont l’X, Centrale Paris, Les Mines, Les Ponts (etc.). Ecoles qui sont elles-mêmes des voies royales vers des fonctions clés et les mieux rémunérées.

Mais tout ne joue pas au moment de l’orientation, sans quoi à orientation égale, le plafond de verre ne devrait pas exister… Or les chiffres nous montrent qu’il existe et bien et persiste encore en 2023.

A orientation équivalente, le plafond de verre persiste…


Comme en témoignent Vanessa di Paola (maîtresse de conférences à la faculté d’économie et de gestion d’Aix-Marseille Université) et Stéphanie Moullet (maîtresse de conférences en sciences économiques à Aix-Marseille Université), les femmes sont majoritaires parmi les diplômés du supérieur. Pourtant, à niveau de formation équivalent, des écarts de revenus et de carrières significatifs à leur détriment sont manifestes. A formation égale, les hommes sont surreprésentés dans les fonctions de pouvoir et de cadres, avec des écarts de rémunération H/F de l’ordre de 15%* en 2022.


Pour comprendre les mécanismes insidieux qui entretiennent ce plafond de verre, trouver les moyens institutionnels mais aussi personnels pour y remédier… écoutez la conférence !


*Blog Insee – mars 2023 – Évolution des inégalités entre les femmes et les hommes : faut-il se réjouir ou se désoler ? 4