En préambule
[Dans cet ouvrage interpellant, David Graeber met en évidence l’explosion des emplois inutiles, ce dont les détenteurs seraient pour la plupart parfaitement conscients ! Or, l’une des sources fondamentales de joie et de bien-être pour un être humain est de ressentir selon David Greaber « la joie d’être cause », la conviction d’avoir de l’impact et de pouvoir influencer le cours du monde…
À tous ceux qui préfèreraient être utiles à quelque chose.
David Graeber
L’utilité d’un poste est-elle inversement proportionnelle à sa rémunération ?
Question bien dérangeante, que l’actualité de 2019 a mise sur le devant de la scène.
« Nous connaissons tous des boulots qui vus de l’extérieur ne paraissent pas consister en grand-chose : consultants en ressources humaines [rien à voir avec coachs, entendons-nous bien], chercheurs en relations publiques, stratégistes financiers, avocats d’affaires… » Et si ces jobs étaient réellement inutiles et que les personnes les occupant en avaient conscience ? Telle est l’intuition de David Graeber, le point de départ d’un article qu’il rédige en 2013 à la demande d’une revue américaine.
Cet article, très vite, fait le buzz, est traduit dans 15 pays et suscite nombre de témoignages venant confirmer l’hypothèse de David Graeber.
Pourquoi, à quelques exceptions près, les métiers les plus utiles (soins, agriculture, enseignement par exemple) sont-ils aussi les moins rémunérés ? La crise du covid 19 en a été l’une des manifestations plus évidentes. Les premiers de corvée, comme ils ont été parfois nommés, étant à la faveur de cette crise, sur le devant de la scène, devant les premiers de cordée habituels. Et c’est bien grâce à eux, à l’informatique et à tous les métiers essentiels que nous avons pu tenir le choc… même s’il nous manquait certains métiers essentiels, hélas non considérés comme tels (je pense aux libraires, par exemple).
« La règle générale, écrit David Graeber semble être que plus un travail bénéficie clairement, moins il est rémunéré ». Comment est-ce possible ? David Graeber nous livre ses hypothèse à ce sujet, nuançant tout de même qu’il y a des exceptions à cette règle (les médecins par exemple et bien sûr probablement votre métier et le mien :-))
Un autre phénomène, qu’il qualifie de « bullshitisation des jobs », me semble en revanche ne pas connaître d’exception. Nous passons tous de plus en plus de temps en réunions plus ou moins utiles, à compléter des formulaires, à standardiser nos pratiques pour répondre à des normes qualité, à chercher des fonds (pour les chercheurs), à faire du reporting pour tracer et quantifier notre activité. Ceci nous éloignant de notre cœur de métier, de ce qui fait sens pour nous et probablement aussi… pour le monde !
Comment remédier à cela ? David Graeber n’a pas de baguette magique (c’est un privilège de coach ! Enfin nous n’avons pas de baguette magique mais nous faisons parfois comme si nous avions une, pour permettre à nos clients de sortir du cadre), même s’il a son idée sur la question. Remettre l’utile au cœur du travail et de la mission de nos organisations, reléguer l’accessoire aux oubliettes, voilà un joli programme, à méditer en cette fin d’année 2020.