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De quelle vie voulons-nous ?

C'est la question posée par 8 ingénieurs d'AgroParitech*, "les Agros qui bifurquent", le 10 mai 2022 lors de la cérémonie de remise des diplômes. Leur refus de participer aux "ravages écologiques en cours" (par des emplois destructeurs) témoigne de la prise de conscience grandissante des étudiants que le changement de cap nécessite des choix radicaux.

Temps de lecture : 4 minutes

De quelle vie voulons-nous ?

Se réveiller


Alors que l’effondrement du vivant n’est plus une projection mais une réalité que les scientifiques qualifie déjà de sixième extinction massive et fulgurante de la vie, la question  « Quelle vie voulons-nous ? » mériterait que nous y consacrions tout notre temps. Qu’avons-nous de plus urgent à faire que de nous préoccuper de cette question vitale ? Pression du court terme, piège du confort, milles et une raison de ne rien faire … j’ai largement abordé cette question dans mon livre « Les choses importantes, faites confiance à votre boussole éthique » !

« Au cours des dernières 500 millions d’années, la vie sur Terre a presque totalement disparu à cinq reprises, à cause de changements climatiques : une intense période glaciaire, le réveil de volcans et la fameuse météorite qui s’est écrasée dans le Golfe du Mexique il y a 65 millions d’années, rayant de la carte des espèces entières comme celle des dinosaures. Ces événements sont communément appelés les cinq extinctions massives ; or tout semble indiquer que nous sommes aux portes de la sixième du nom.

À la différence que, cette fois, nous sommes seuls responsables de ce qui se produit. D’après une étude publiée en juin 2013 dans Science Advances, le taux d’extinction des espèces pourrait être 100 fois plus élevé que lors des précédentes extinctions massives – et encore, ne sont pris en compte que les animaux dont nous avons une bonne connaissance. » (National Geographic, Nadia Brake)*

Dans ce contexte disons le, dramatique, le réveil doit se faire de manière vigoureuse et non seulement à coup d’écogestes qui nous donnent bonne conscience.

Choisir la rupture plutôt que la subir, refuser un métier qui rimerait avec nuire, transformer le mal-être qui assaille toutes celles et ceux qui sentent bien qu’ils occupent des bullshitjobs en désir d’agir, tels sont les mots d’ordre d’un nombre grandissant de jeunes diplômés. Combien sont-ils dans cette situation ? C’est une question que pose le réalisateur du film « Ruptures », Arthur Gosset, au début de son film ; question à laquelle il ne sera pas en mesure de répondre car les statistiques manquent.

Peut-être sommes-nous entrés dans une époque de la rupture ou un moment de rupture. Sur le plan écologique, et donc économique et politique, il nous faut repenser de manière urgente nos façons de vivre, de communiquer, de nous déplacer, notre habitude de nous accaparer les richesses et cesser de nier l’épuisement des ressources auquel ce comportement conduit.

Jeune ingénieur de Centrale Nantes en quête de sens, Arthur Gosset se lance dans un roadmovie en suivant l’itinéraire de six jeunes bifurqueurs . Six jeunes qui rompent avec la voie toute tracée qui les attend. Écouter l’appel intérieur, ne pas laisser « filer l’énergie qui bout quelque part en nous » … Ces jeunes suivent ce qui en eux dit Oui. Avant que l’habitude ne les piège, ils choisissent d’écrire leur propre chemin, alimentant ainsi les nouveaux récits dont nous avons tant besoin. En ce sens ils font un pari. Celui de faire confiance à ce qui est vivant en eux pour les guider dans leur choix professionnel.

Choisir la vie : Une décision radicale


Radicale, c’est ainsi que la décision de ces jeunes est souvent qualifiée. Un terme qui a mauvaise presse. Un terme qui rime souvent avec extrême dans nos imaginaires, décrédibilisant le caractère raisonnable de celles et ceux qui sont affublés de ce qualificatif du fait de leurs actes ou leurs propos. Mais de quoi s’agit-il au fond lorsque l’on parle de radicalité ? Est qualifié de radical, selon le petit Robert, ce « qui vise à agir sur la cause profonde de ce que l’on veut modifier ».


En ce sens, une décision radicale est une décision qui traite le problème à sa source, cherchant à agir sur la cause et non sur les symptômes. Choisir un métier utile socialement, favorisant la résilience des territoires (Agriculteur, Apiculteur ou producteur de produits transformés à partir d’invendus de la grande distribution), oser un changement profond en tant que dirigeant.e (cf chaîne youtube Levons-nous) c’est opter pour un projet de vie, dans tous les sens du terme !

Choisir ce qui est vivant en nous et peut coïncider avec ce qui est juste pour le monde : c’est le cheminement éthique qui m’anime depuis de nombreuses années. Toutes les sources d’inspirations et d’engagement que je peux capter fortifient ma volonté de poursuivre. J’espère, en visionnant ces vidéos, qu’il en sera de même pour vous.

* Vidéo des Agros qui bifurquent
*https://www.nationalgeographic.fr/environnement/la-sixieme-extinction-massive-a-deja-commence