Global burn-out
Petite pépite découverte cet été, l'ouvrage de Pascal Chabot, philosophe, intitulé "Global bun-out" (PUF).
Temps de lecture : 2 minutes
Petite pépite découverte cet été, l'ouvrage de Pascal Chabot, philosophe, intitulé "Global bun-out" (PUF).
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L’analyse du développement du burn-out de Pascal Chabot dépasse l’approche psychologique individuelle et organisationnelle classique. Pascal Chabot analyse le burn-out comme le symptôme d’une tendance sociétale de fond à se laisser gouverner par l’excès. Pathologie du « trop », trop bien faire, trop vite, trop longtemps. Il souligne la grande implication de ceux qui sont souvent touchés par ce syndrome de « consummation » de l’intérieure qui amène le corps à dire non quand l’esprit voudrait inlassablement continuer sa mission voire même faire plus. Tel Sisyphe condamné à gravir éternellement une montagne en poussant un rocher, les personnes atteintes par cette pathologie de civilisation se sentent souvent prise au piège d’une montagne insensée à gravir.
L’excès de travail et la perte de sens, le cynisme sont souvent identifiés par ceux qui sont touchés par le burn-out. Selon Pascal Chabot, le burn-out est une invitation à la métamorphose. « L’individu entre en guerre contre les illusions, les croyances et les valeurs dominantes auxquelles il cesse d’adhérer. » Pascal Chabot perçoit dans cette impasse momentanée que constitue le burn-out un potentiel de transformation en se connaissant mieux pour retrouver l’essentiel, son essentiel.
Nourri de nombreux exemples, Global burn-out relate notamment la trajectoire d’un jeune diplômé en philosophie recruté pour écrire des articles en ligne au kilomètre à partir de revues scientifiques. Mot d’ordre de son employeur : pas besoin de comprendre pour faire un bon résumé. Autant utiliser une machine… Ce jeune homme, Matthew Crawford, épuisé par un nombre croissant d’article à rédiger par jour, ne tarda pas à démissionner et à fuir cet environnement pour s’installer à son compte en ouvrant …un atelier de réparation de motos! Ainsi retrouva-t-il sens et plaisir au travail. Il relate dans son essai « Eloge du carburateur », un plaidoyer en faveur des métiers manuels et met en évidence le miroir aux alouettes que représente selon lui l’Economie de la connaissance. Éloge d’un rapport concret au monde plutôt que d’un rapport virtuel. A méditer après que vous ayez quitté cet écran…
Il fallait établir ce constat : avant d'être un problème individuel, le burn-out est d'abord une pathologie de civilisation. Marquée par l'accélération du temps, la soif de rentabilité, les tensions entre le dispositif technique et des humains déboussolés, la postmodernité est devenue un piège pour certaines personnes trop dévouées à un système dont elles cherchent en vain la reconnaissance. Mais ce piège n'est pas une fatalité. Face aux exigences de la civilisation postmoderne, on peut se demander comment transformer l'œuvre au noir du burn-out afin qu'il devienne le théâtre d'une métamorphose, et que naisse de son expérience un être moins fidèle au système, mais en accord avec ses paysages intérieurs..