Pisteur de loups, y consacrant nombres de veillées nocturnes – notamment dans le Vercors – il nous raconte les mille et une manières d’être vivants qu’il a pu observer. Surtout il nous explique en quoi ces manières d’être vivant nous parle de nous, les êtres humains. Nous invitant à ne pas séparer l’homme du reste de la « Nature » mais bien au contraire à prendre la mesure de la communauté de destin que nous constituons et de l’interdépendance dans laquelle nous nous trouvons. »Nous sommes le vivant qui se défend » dit-il.
Loin de tout dogmatisme, il nous propose de suivre notre boussole, ce « barbouillement moral », cette ambivalence qui nous saisit parfois tandis que nous nous sentons tiraillés entre différentes directions ou différents protagonistes au sein d’une même communauté d’importance. Loin de promouvoir une sagesse où nous serions l’esprit tranquille !
La boussole est claire : le repère qu'il faut fuir, celui dont on doit toujours s'éloigner pour être ramené en pleine mer d'incertitude, c'est à dire à l'abri, c'est la tranquillité d'âme, c'est le sentiment de la pureté morale.
Baptiste Morizot
Pour tracer notre route, Baptiste Morizot nous invite non seulement à tenir compte de la complexité des inter-relations (par exemple entre brebis, bergers, chiens, loups), mais également à faire avec la complexité des contradictions qui nous habitent. Il nous propose de devenir des diplomates de la relation aux autres et à nous mêmes, de vivre avec égards, de développer une forme de cosmo-politesse.
C’est une véritable éthique du perfectionnement de soi que Baptiste Morizot développe dans cet essai. Une éthique « ascensionnelle », « un art de vivre en bonne intelligence avec ce qui en nous et hors de nous, ne veut pas être domestiqué ». A la manière de Spinoza, philosophe de la joie, il nous suggère d’écouter (sans les combattre) nos désirs, nos pulsions et émotions fortes les plus indomptables, celles qui pourraient nous éloigner du cap que nous nous fixons. De leur faire de la place et une fois les avoir entendues, de canaliser notre énergie en direction de ce qui augmentera notre puissance d’agir et générera de la joie. Car selon Morizot, « personne n’a de volonté ». « La volonté n’est que le nom que l’on donne a posteriori au système d’irrigation des désirs, dans les moments bénis où ils se composent pour converger dans la même direction, plutôt choisie. »
En tant que coach, je souscris pleinement à cette thèse. Notre volonté est limitée. Il nous faut composer avec ce qui est là, en nous. Raisonner bien sûr mais aussi écouter en nous ce qui est capable de nous mettre en mouvement, choisir de nous entourer de personnes qui stimulent le meilleur en nous, créer des conditions pour agir au mieux. Il s’agit d’apprivoiser, de canaliser la vie en nous et autour de nous, dans une direction toujours à interroger. D’être pleinement vivants, en somme.