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Le manque de confiance en soi, symptôme d’un mal-être occidental…

Kate Pickett et Richard Wilkinson, épidémiologistes britanniques, viennent de publier un ouvrage tout à fait passionnant : "Pour vivre heureux, vivons égaux", comment l'égalité réduit le stress, préserve la santé mentale et améliore le bien-être de tous.

Temps de lecture : 4 minutes

Le manque de confiance en soi, symptôme d’un mal-être occidental…

En préambule

Pages après pages, ces auteurs démontrent combien la croissance des inégalités de revenus dans les pays développés (Etats-Unis en tête bien sûr) constitue une source croissante d’anxiété sociale et alimente une inquiétude qui a pour objet le jugement d’autrui quant à sa propre valeur. Plus les sociétés sont inégalitaires, plus les problèmes sanitaires et sociaux sont importants : dépression, addictions, homicides, espérance de vie, bien-être des enfants. Les impacts nuisibles se traduisent également sur le plan économique, en matière de croissance et performance des entreprises. Les chiffres sont assez accablants. Les pays égalitaires qui s’en sortent plutôt bien sont la Finlande, la Suède, le Japon. Les mauvais élèves sont souvent les Etats-Unis et le Royaume Uni…et la France se situe au milieu, moyennement égalitaire ou inégalitaire selon que l’on perçoive le verre à moitié plein ou à moitié vide !

Le déficit de confiance en soi, principale entrave au bonheur


Pourquoi évoquer cet ouvrage sur un site de coaching ? Le livre démarre sur un premier chapitre « ceci n’est pas un livre de développement personnel ». En effet c’est un livre pour comprendre les causes sociétales de ce mal-être grandissant et non un ouvrage pour faciliter la connaissance de soi ou l’action individuelle. Comprendre est une première étape. J’ai trouvé la lecture de cet ouvrage très éclairante et je suis convaincue qu’il pourra aider certains d’entre vous qui se sentent concernés par ce phénomène. « Le déficit de confiance en soi, est peut-être devenu, dans les pays riches, la principale entrave au bonheur et à la qualité de vie ». Leur explication :« Aujourd’hui, dans nos sociétés, le principal élément qui détériore la qualité et l’expérience de vie est ce que les psychologues nomment « la menace d’évaluation sociale », c’est-à-dire notre inquiétude quant au regard et au jugement des autres. Cette peur peut mener à des comportements d’évitement car l’anxiété est parfois si forte que les personnes préfèrent se protéger, ne pas s’exposer, et s’isoler.

Développement d’une estime de soi défensive : l’effet facebook


La course à la consommation ostentatoire stimulée par les sociétés inégalitaires au sein desquelles la cupidité devient une vertu, incite à la comparaison permanente. Une conviction s’immisce petit à petit dans les esprits : celle que le revenu mesure la valeur individuelle. Certes le phénomène n’est pas nouveau puisque d’après les auteurs « les systèmes hiérarchiques préhumains sont à l’origine de notre incroyable sensibilité au statut social ». Mais disons que cette sensibilité est aujourd’hui exacerbée et explique la propension des personnes à vouloir se montrer sous leur meilleur jour. C’est l’effet facebook, consistant à étaler sa vie et ses opinions au grand jour avec probablement un lien inversement proportionnel entre estime de soi et diffusion de sa vie privée sur les réseaux sociaux !

Faire advenir un monde meilleur


Beaucoup de données confirment que passé un certain seuil, la croissance ne favorise plus l’amélioration du bien-être. Le découplage entre bien-être et croissance est même l’une des cinq grandes mutations évoquées par les auteurs (les 4 autres étant la crise environnementale, la mondialisation, l’intensification des migrations, l’accélération continue du changement technologique).


Les auteurs concluent une forte relation entre inégalité, péril environnemental et incapacité à faire réellement progresser le bien-être. « L’insécurité de statut et l’individualisme, corollaires de l’inégalité éloignent les moyens et la volonté de passer à l’action face aux menaces qui pèsent sur nos existences. » Dans les sociétés moins inégalitaires, la coopération, la confiance, l’implication dans la vie locale s’avèrent beaucoup présentes et « les fléaux tels que le manque d’assurance, le doute de soi, l’auto-dévalorisation reculent ». Le lien prime sur l’accumulation matérielle. De même, dans les entreprises détenues par les salariés, la démocratie économique favorise la productivité, l’innovation, la satisfaction des salariés et la capacité à résister aux récessions.

Le lieu de travail devrait, dans ces conditions, « permettre à chacun de percevoir sa propre valeur et de sentir sa contribution appréciée ». Nous revenons à des fondamentaux, pour lesquels les auteurs ne délivrent pas de recettes : autonomie (« ne pas avoir de contrôle sur son travail a des effets majeurs sur la santé, principalement par l’accroissement du stress »), convivialité, réduction des inégalités entre salariés. Il nous appartient, lorsque cela est possible dans nos environnements et surtout si nous occupons des fonctions de Direction, de créer un climat propice à confiance et la reconnaissance mutuelle du travail accompli. Comme les auteurs de la Comédie inhumaine le disent, la direction à prendre sur un plan managérial est clairement d’être pragmatique et d’agir avec courage pour remettre la confiance et l’autonomie au cœur des organisations, loin des grands discours et grands écarts.

Livre

Pour vivre heureux, vivons égaux !Kate Pickett, Richard Wilkinson

Comment l'égalité réduit le stress, préserve la santé mentale et améliore le bien-être de tous Pourquoi nos sociétés développées engendrent-elles autant de mal-être ? Mal-être personnel, mais aussi collectif. Et si l'augmentation des richesses n'était pas le gage d'une prospérité sociale et individuelle ? Kate Pickett et Richard Wilkinson, spécialistes mondialement reconnus, proposent une thèse révolutionnaire sur les rapports entre inégalité et bien-être. Les auteurs présentent des preuves accablantes indiquant que les inégalités matérielles ont des effets psychologiques puissants : quand l'écart entre les riches et les pauvres s'accroît, nous avons bien plus tendance à nous définir et à nous évaluer en termes de supériorité et d'infériorité. En analysant à la fois l'épidémie d'anxiété actuelle, les comportements de classe, les stéréotypes sociaux, les rapports de domination ou encore les logiques consuméristes, ils élaborent une thèse d'une rare pertinence. Ils démontrent ainsi qu'un faible statut social entraîne des niveaux plus élevés de stress. Ou bien que les taux d'anxiété et de dépression sont étroitement liés aux inégalités. Ils contestent surtout ardemment la croyance selon laquelle les humains sont naturellement compétitifs et égoïstes, de même que celle qui voit dans les inégalités le résultat de différences "naturelles" en termes de capacités individuelles. Ils proposent enfin de nombreuses pistes pour construire ensemble les fondations d'un monde plus égalitaire... et donc plus heureux..

Éditeur : Les Liens qui libèrent